Janvier 2024: la chronique littéraire de Solène

"Hanoï"

d'Adriana Lisboa

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Le soir où Anne m’a demandé de partager mes coups de cœurs littéraires sur son blog, je me suis interrogée : Quel livre trouverait sa place sur un site voué à l’écriture ? Comment justifier mon choix ? Je terminais alors la lecture de « Hanoï » d’Adriana LISBOA. Lorsque j’en tournai la dernière page, ma réflexion fut : voilà comment j’aimerais écrire, c’est comme cela que j’aimerais faire vivre mes personnages, de façon palpable. Une évidence s’est alors imposée à moi : c’est ce livre qui allait ouvrir le bal de mes coups de cœur. Car il m’a touché en tant que lectrice, et a suscité mon admiration en tant qu’auteure.

L’histoire est simple et universelle : deux âmes déracinées, malmenées par la vie, vont se croiser et s’aimer. Alex, mère célibataire, peine à se détacher émotionnellement du père de son fils et tire le diable par la queue. David, musicien, atteint d’un cancer incurable, rêve de tout plaquer pour mourir à Hanoï. Ils vont se lier l’un à l’autre, petit à petit, naturellement, malgré eux. On les suit, de leur rencontre dans l’épicerie asiatique dans laquelle travaille Alex, jusqu’au jour où ils deviennent inséparables sans même s’en être aperçus. C’est un récit qui nous bouleverse par son humanité. L’amitié et l’amour s’entremêlent, repoussant avec force les drames que chaque personnage traverse avec dignité. L’amitié qui se noue au hasard d’une belle rencontre sur un banc. L’amitié avec une voisine qui prend vos poissons en pension. L’amour inconditionnel pour ses parents connus ou inconnus, présents ou évaporés. L’amour qui fait vibrer la chair de deux êtres irrésistiblement attirés l’un par l’autre malgré l’ombre de la maladie. L’écriture est poétique, les phrases courtes et incisives nous donnent l’impression de toucher les personnages. A la vérité, ce sont eux qui nous touchent. Car ils nous ressemblent. Ils sont abimés, mais debout.

 

Il est toujours possible de ne pas avoir de certitude.


Adriana Lisboa

Chronique rédigée par Solène Durand